Vois où l'intelligence que l'on nous a donnée
Entraîne vers l'oubli toutes les beautés du monde
Enfouit un passé révolu à jamais
Emporte son histoire pour toujours dans la tombe.
Vois où s'étend la vue des colonnes de fumée
Des bêtes humaines qui crachent leur poison inodore
Que les grands et les riches te vendent comme progrès
Alors que seul n'avance que le joug de la mort.
Vois où se trouvent placés les moins bien soucieux
De leurs propres comparses, de leur propre planète
Et qui dans leur folie, n'en faisant qu'à leur tête
Détruisent des univers pour tout garder pour eux.
Nous sommes des humains ayant perdu racine
Et certains d'entre nous sont bien tristes à voir
Enfermés dans un cercle vicieux qui ne rime
À rien, à part peut-être polir nos beaux miroirs.
La vérité souvent est telle que l'on veut croire,
On s'en condamne pourtant à ne plus rien savoir
Que ce qui nous complaît, nous conforte et nous berce
Dans cette image du monde plus ou moins déformée
Ceux qui vont bien voient bien, ce qu'un triste voit blesse,
Et l'on n'en sait pas plus qu'on ne sait accepter.
Dans un monde taillé pour la facilité
S'endorment nos pensées à l'instar de nos corps
Même si je ne puis dire que seule la société
En serait responsable, elle y contribue fort.
Nous voilà désormais victimes comme bourreaux
Voulant simplement vivre, nous voilà aspirés
Dans une vie où l'on forge nos propres barreaux
Détruisant pour construire, créant pour mieux vicier.
Le poids de tous ces mots ne saurait se porter
Sur le dos d'un seul être, seul conscient parmi tant.
Mais chacun pense déjà ces mots intérieurement,
Il appartient à tous de voir le monde changer.